Le manganèse (Mn) est un élément essentiel pour l’homme. Il est impliqué dans des fonctions biologiques indispensables à la vie mais et il s’avère neurotoxique à dose trop élevée. Il est naturellement présent dans l’alimentation et dans les eaux souterraines, parfois en forte concentration suivant la nature des sols.
L’équipe Imagerie chimique et spéciation (ICS) du pôle santé-environnement du LP2iB, dirigée par Richard Ortega, étudie les effets toxiques des métaux dans le domaine des neurosciences. Elle s’intéresse aux mécanismes de neurotoxicité du Mn depuis de nombreuses années.
Ses approches d’analyse se basent sur des méthodes de micro-imagerie chimique par faisceau d’ions qui permettent de quantifier et visualiser l’accumulation du Mn dans les échantillons biologiques. Lors d’une conférence internationale sur le sujet, l’équipe ICS a décidé de s’associer avec des chercheurs Nord-Américains de l’Université Norwich (Vermont) pour effectuer des analyses dans les substituts de lait maternel, suspectés de contenir un taux de Mn trop important. En effet, sa présence dans les préparations alimentaires pour nourrissons, et plus généralement dans l’eau, est un sujet qui préoccupe la communauté scientifique car de récentes études indiquent un lien entre une exposition élevée au Mn et certains troubles neurologiques chez l’enfant.
Les résultats de leurs études montrent que les préparations pour nourrisson contiennent généralement beaucoup plus de Mn que le lait maternel et ceci pour plusieurs raisons : d’une part les substituts sont préparés à partir de lait de vache, naturellement plus riche en Mn. D’autre part, les fabricants ajoutent eux aussi du Mn dans leurs préparations. Enfin, lorsque les biberons sont préparés avec de l’eau elle-même riche en Mn, les seuils de toxicité peuvent alors être dépassés.
Tenant compte de ces récentes études menées, entre autres, par le LP2iB et l’Université Norwich, l’OMS a donc fixé un nouveau seuil provisoire recommandé de 80 µg/L de Mn dans l’eau (la précédente valeur était de 400 µg/L). Cette nouvelle valeur provisoire recommandée représente une avancée très importante pour garantir la sécurité sanitaire, surtout pour les enfants qui sont particulièrement exposés aux mécanismes de neurotoxicité.